Charte de Metz, transaction de rente
The transcription reads:
Nos Pieres, li deiens et toz li chapitles de Mez faisons conissant àTranslation:
toz ceus ki ces lettres verrunt et orrunt ke Hanris li coens de Bar, la charree
de vin de montagne de Millerei c'um soloit livrer à ses genz al Pont ches
cun an de part nos, at acquittei por quatre livres de forz, à rendre chesc'an
à ses genz, en celu meismes leu de part nos, dedenz les oct jors de feste
saint Remei, ou à notre primerein vin ke passerit al Pont.
Nous Pierre, doyen du chapitre cathédral de Metz ainsi que tout le chapitre, faisons savoir à tous ceux qui verront et entendront cette charte qu'Henri comte de Bar [nous a libéré] de la redevance d'une charge de chariot de vin, provenant de la montagne de Milleray que nous avions l'habitude de fournir tous les ans à ses sujets à Pont-à-Mousson en échange d'un paiement de quatre livres de monnaie forte que nous donnerons chaque année à ses sujets en ce même lieu, dans les huit jours après la fête de saint Rémi ou lors de notre premier passage de vin à travers Pont-à-Mousson [= le village et le pont].
Le contenu de cette charte illustre pleinement la lutte de pouvoir entre l'Église et les représentants féodaux omniprésente dans les premiers documents vernaculaires. Le chapitre cathédral de Metz se fait garantir le renoncement du comte de Bar d'une rente de vin pour le droit de passage du pont à Pont-à-Mousson. Il n'est pas anodin que le lieu d'écriture écclesiastique responsable de la rédaction de ce document ait choisi le français et non le latin. Le choix du français garantit d'une part la compréhensibilité de l'accord pris par tous les intéressés et par conséquent la validité juridique de la charte. Par ailleurs, par le fait que le document témoigne d'une emprise sur la langue vernaculaire et d'une maîtrise remarquable de la forme externe, l'Eglise entend affirmer sa supprématie par rapport au pouvoir féodal. La charte revêt ainsi une importance médiale décisive.