Charte de l'abbaye de Salival
The transcription reads:
Conue chose soit à-toz que li abes et li chapitles de Salinvas at laissié à WirionTranslation:
et Huillon, les dous freres de Geverlise, les anfanz Bertran Bacheler, XIII jor
nas de terre treisse en la fin de Geverlise et à lor oirs parmi XIII d. de cens et
II himas de blef, l'un d'avoine, l'autre de froment et s'il ne paievent à jor-
nomei à la feste sent Remi à Giverlise en la maison de Salinvas, que l'on se tan-
roit à la terre et ce que sus averoit.
Qu'il soit connu à tous que l'abbé et le chapitre de Salival ont cedé à Wirion et à Huillon, deux frères demeurant à Juvelize et fils de Bertran Bachelier, treize journaux de terre en friche dans le territoire de Juvelize ; la cessation concerne aussi leurs héritiers ; ceci pour la valeur de treize deniers de cens (annuel) et deux hémines de grains, l'une d'avoine, l'autre de froment. Au cas où ils ne payeraient pas le jour nommé à la fête de saint Rémi dans la maison (du chapitre) à Salival l'on prendrait comme gage la terre et ses fruits. |
Les contenus de cette charte contribuent aux stratégies mises en œuvre par le clergé régulier afin d'intensifier la gestion de son temporel. La charte réalise deux opérations complémentaires, une juridique et une administrative. D'un point de vue juridique, le chapitre fait appel à son monopole de l'écrit pour notifier un contrat dont les dispositions favorisent clairement l'abbaye au détriment des paysans : ces derniers obtiennent certes l'usufruit d'un ensemble de terres appartenant au clergé mais ceci contre paiement d'un impôt conséquent dans des conditions très contraignantes. La clause de garantie (qui justifie à elle-seule la rédaction de l'acte) spécifie en effet qu'à défaut de paiement le jour dit, les paysans se verraient retirer jusqu'à l'intégralité de leur récolte et ils perdraient par ailleurs l'usufruit des terres. D'un point de vue administratif, la charte décrit minutieusement les terrains en question (par exemple en la voie de Donnereis as Genoivres). En l'absence de cadastre, une telle description qui combine la microtoponymie et l'infrastructure routière correspond à une mainmise sur le territoire, mainmise qui va de pair avec celle de l'abbaye sur les hommes de sa contrée.