Charte de Brancion

Le château des seigneurs de Brancion, construit entre le 12e et le 15e siècle, est situé au sommet d'un col non loin de la ville de Tournus dans le département de la Saône-et-Loire.

La Transkription est:

Gié Marguerite, dame de Brancion, fais savoir à touz ces qui ces letres verrunt que je
doi au noble barun, mun chier segnor Hugun, duc de Burgoinen, quinze mille livres de tornois
les_quex il m'a prestees et delivrees en deniers companz. Por la_quel some je a mis et delivré,
en la main de celu duc et des siens, tote la terre que gié tien de lui de mon chief queque-part
qu'ele soit en villes et defors senz riens retenir, fors que le chastel de Sanvignes et
la Pevrere et les apartenances et sauves mes aumones que je a faites. Et totes ces choses li dux
Traduction:

Moi Marguerite, dame de Brancion, fait savoir à tous ceux qui verront cette charte que je dois au noble homme, mon cher seigneur Hugues, duc de Bourgogne, quinze mille livres de Tours, argent qu'il m'a prêté et remis au comptant sous forme de deniers. Pour cette somme, j'ai mis en la possession du duc et de sa famille, toute la terre que je tiens sous mon autorité de lui (= en fief), où qu'elle soit, en ville ou à l'extérieur, sans restriction mis-à-part le château de Sanvignes, la Perrière et ses dépendances, de même que les legs pieux que j'ai instaurés. Tous ces biens, le duc /

Le document comporte un certain nombre d'éléments de régionalité nette. Dans les paradigmes verbaux, on notera les graphies uns au lieu de ons pour le morphème désinentiel de la 1ère personne du pluriel au présent de l'indicatif de même que la forme a au lieu de ai de la 3e personne du singulier, toujours au présent de l'indicatif, de l'auxiliaire avoir. Enfin, la forme estauble qui illustre avec redondance la vocalisation de b est également caractéristique (au lieu de estable). D'autres éléments témoignent d'une régionalité plus faible, tels le pronom personnel sujet de la 1ère personne du singulier graphié ge au lieu de je ou encore l'archaïsme relatif o dans nos, por et tot.
Cette charte se prête idéalement à un exercice de recherche lexicographique. Elle comporte un certains nombre de lexèmes propres au genre textuel documentaire et leur forme graphique s'éloigne quelque peu de celle choisie en entrée par les auteurs de dictionnaires pour les traiter. Par ailleurs, certains exemples montreront les limites de certains dictionnaires et la nécessité ponctuelle de mener des recherches ultérieures en vue d'une description cohérente du français ancien, décrit de manière souvent trop partielle. L'exercice vise toutefois en premier lieu à mettre en évidence chacune des étapes qui mène à l'identification d'une forme lexicale et ensuite de son sens dans la charte. Nous utiliserons pour des raisons de nomenclature principalement le dictionnaire suivant: Godefroy F., 1880-1902. Dictionnaire de l'ancienne langue française et de tous ses dialectes du IXe au XVe siècle, 10 vol., Paris. L'abréviation 'Gdf' renvoie au corps du dictionnaire (i.e. les huit premiers volumes, qui ne contiennent que les mots et les sens qui n'ont pas perdurés jusqu'en français moderne). 'GdfC' renvoie au complément (i.e. Les deux derniers volumes qui enregistrent les mots et les sens continués). Nous vous invitons à faire la recherche via le lien externe du dictionnaire de Godefroy pour les mots choisis (tornois, companz et de mon chief) et de comparer vos résultats avec ceux exposés par la suite.